Fanfics – Digimon Olympus

Digimon Olympus

écrit par XIII


statut :     en cours
type : longue histoire
date d’écriture :   à partir d’Avril 2015


fanfic XIII

Chapitre 1 – partie 1 :

Quand j’ai ouvert les yeux, elle était là, en face de moi. Étant donné mon réveil quelque peu, embrumé, je n’avais pas fait attention à son apparence. Je ne me souvenais pas de m’être endormie, ni même d’être sortie de chez moi. Peu à peu je recouvrais mes esprits, et là, j’eus un mouvement de recul, surprise par ce qui se trouvait en face de moi. Je ne saurais décrire ce que je voyais sans vous paraître folle mais le premier mot qui me vint à l’esprit était « sirène ». Oh pas les sirènes avec des queues de poisson, des coquillages pour soutien-gorge et une voix à rendre une pieuvre jalouse, non moi je vous parle des sirènes d’avant Ulysse, les femmes-oiseau qui attiraient les marins par leurs chants sublimes dans le seul but de les dévorer.

Mais en même temps elle n’avait pas l’air si horrible, j’avais même l’impression qu’une aura de bonté se dégageait d’elle, d’ailleurs son visage rayonnait de joie. Elle était bleue, avait un corps assez petit, environ un mètre de haut, deux ailes bleues semblables à des nageoires et des points noirs çà et là, sur leurs pourtours. Elle portait une sorte de pèlerine blanche autour du cou, comme ce que portent les nonnes, attachée par un nœud papillon rouge. Elle avait des petites plumes d’un bleu ciel magnifique qui recouvrait son corps. À ses cuisses, des jambières ressemblant à des corsets, mais en plus serré et… Oh ! Elle avait deux griffes à chaque pieds… pattes… pieds, je n’étais pas sûre… et seulement quatre doigts à chacune de ses mains gantées. Elle avait aussi une queue palmée, aussi longue que ses jambes, et elle portait un masque qui couvrait la seule partie de son corps qui l’a rapprochait réellement d’un être humain, son visage, et pour cacher ses cheveux, ou ce qui devait en être, une sorte de béret bordeaux, ornée d’une note de musique, une croche dorée.

– Bonjour, je m’appelle Sirenmon ! me déclara la créature.
– B… Bonjour, moi c’est Émilie… répondis-je, surprise. Qu’êtes-vous donc ?
– Je suis Sirenmon, je viens de vous le dire ! répondit-elle, n’ayant manifestement pas compris.
– Non pas ‘‘qui’’ êtes-vous mais ‘’qu’’êtes-vous ?
– Aah… Je suis un Digimon, un Monstre Digital ! Et bienvenue dans mon monde, le Monde Digital !

Je me demandais alors, le plus logiquement du monde ce qu’était le Monde Digital. Jamais je n’en avais entendu parler auparavant. Soudain, je me levai et je regardai partout autour de moi. Au-dessus de ma tête, un ciel bleu parsemé de chemin de lumière blanche, comparable à une carte électronique, à ma droite une grande forêt d’arbres rouges et violets, et à ma gauche un lac d’où jaillissaient ponctuellement des geysers et derrière moi, une grande plaine, parcourue de nombreux animaux étranges, sortes de lapins roses, dont j’apprendrai plus tard qu’ils s’appelaient Bitmon.

– Et le Monde Digital… c’est à combien de kilomètre de Paris ? demandais-je pour savoir où se trouvait ce lieu étrange.
– C’est quoi Paris ? me répondit Sirenmon, curieuse.
– Je ne suis pas sortie de l’auberge… soupirais-je
– Dis-moi, il y a deux enfants qui ont atterrit ici en même temps que toi ici et qui nous regarde parler depuis tout à l’heure caché derrière ce rocher, tu pourrais aller les voir et les rassurer ? Je crois que je les effraie.

Surprise par sa demande, je m’approchais du rocher et leur demandait de s’approcher. Ils se levèrent tous deux et s’approchèrent. Ils se ressemblaient beaucoup, au premier abord je me suis dit qu’ils étaient jumeaux. De faux jumeaux bien sûr, il y avait un garçon et une fille. Le garçon avait des cheveux bruns courts, il portait un tee-shirt orange sans manches orné d’un soleil jaune et un short en jean avec des baskets orange et jaune. La fille avait des cheveux bruns longs coiffés en deux couettes de part et d’autre de sa nuque arrivant sous les épaules. Elle portait un tee-shirt sans manche mauve décoré d’un croissant de lune jaune pâle, jupe en jean et des baskets mauve et jaune pâle. Tous deux avaient de magnifiques yeux couleurs noisette même si ceux de la fille semblaient plus sombres, comme si une tristesse profonde l’accablait en permanence. Arrivés face à moi, ils se présentèrent :

– Bonjour, moi c’est Nathan et elle, c’est Solène, on est jumeaux et on a dix ans. déclara le jeune garçon.
– Bonjour, je m’appelle émilie et voici Sirenmon, dis-je calmement. Pourquoi restiez-vous là-bas ?
– On observait la beauté du paysage ? Et on a été surpris par Sirenmon, elle est… étrange, fit-il sans méchanceté.
– Il reste encore trois personnes à chercher, ils ont dû atterrir pas loin, allons les chercher ! intervint soudain Sirenmon.
– Au fait, qu’est-ce que tu veux dire par ‘’atterrir‘’, tu ne veux quand même pas dire qu’on est tombé du ciel ? questionnais-je.
– Si si, c’est tout à fait ça, mais trouvez les, je vous expliquerai tout en détail quand vous serez tous réunit, conclut-elle.

C’est alors que nous partîmes chercher les trois membres manquants à notre groupe. Ce ne fut pas bien long puisque Sirenmon les avait vus tomber sur la plaine. En quelques-minutes nous les trouvâmes tous les trois ensemble, deux garçons, des adolescents, et une fille, bien plus jeune, je crois me souvenir qu’elle pleurait… Puis soudain, je la reconnu : elle était petite, avait une belle chevelure blonde détaché et des yeux d’un bleu ciel magnifique. Son mignon tee-shirt rose mettait en valeur la petite fleur bleue qui était brodée en son centre. Elle portait une veste en jean ouverte par-dessus son tee-shirt et un pantalon en jean bleu lui aussi, et son sourire était aussi radieux que ses dents étaient blanches et, chose surprenante pour son âge, alignées ! C’était bien elle, Lona, ma nièce de 8 ans. Mais comment ! Comment avais-je pu oublier mon adorable nièce en arrivant ici, elle était avec moi, on jouait ensemble, puis elle s’est blottie contre moi et… Plus rien. J’étais arrivée ici, dans le ‘’Monde Digital ‘’, ce que j’avais encore du mal à croire à vrai dire. C’est alors que Lona me remarqua elle aussi, sur l’instant et par effet de surprise je m’étais arrêtée mais là, je commençais à courir dans sa direction, la pris dans mes bras et je tournoyais pour perdre la vitesse accumulée en courant.

– Je suis désolé de t’avoir laissée seule ma chérie, je ne savais pas où nous étions ni que tu étais là aussi… sanglotais-je pour m’excuser.
– C’est pas grave, maintenant tu es là et c’est ça qui est bien ! cria-t-elle, folle de joie. Et puis de toute façon j’étais avec eux. continua-t-elle en désignant les deux adolescents.
– Bonjour à vous, dis-je en les saluant. Je suis Emilie, j’ai 15 ans, et je suis au lycée *** de Paris. Et voici ma nièce, Lona, elle a 8 ans.
– Bonjour, moi c’est Billy j’ai 14 ans et je suis au collège *** de Lyon, dit l’un.
– Bonjour, je suis Robert, mais appelez-moi Rob, j’ai 16 ans et je suis au Lycée pro d’hôtellerie *** à Limoges, fit l’autre.

Rob était… disgracieux ? Tout du moins disons que rien chez lui n’était spécialement beau. Il était grand, brun, les yeux noirs et le visage ravagé par les cicatrices d’une acné juvénile disparue. Il portait une tenue de commis de cuisine sans doute sortait-il d’une séance de travaux pratiques de son lycée. Billy, quant à lui, semblait bien plus agréable à regarder : les yeux bleus, des cheveux blonds mi court sur le haut du visage avec une longueur dégradé sur le reste du crâne et ornée d’une paire de googles au-dessus de sa mèche. Il était moyennement grand pour un garçon, sans doute était-il encore en pleine croissance. Il portait un pantalon en jean bleu, assorti à sa veste sans manche sous laquelle il portait un tee-shirt rouge uni, de la même couleur que ses chaussures et que ses espèces de gants de motard coupés comme des mitaines. Son regard était ferme, mais tourné vers l’horizon, cet endroit avait sans doute réveillé en lui une envie profonde d’aventure et de découverte, mais le futur ne lui donna qu’en partie raison.

– Bon je crois que nous sommes tous réunis à présent, dis-je à l’attention de Sirenmon. Nous t’écoutons.
– D’accord, alors asseyez-vous confortablement, cette histoire va être longue, répondit-elle avant de se racler la gorge. Hum, hum. Avant de vous raconter mon histoire il faut d’abord que je vous explique où vous vous trouvez : vous êtes actuellement dans le Monde Digital, plus précisément dans le Serveur Illiad. Ce monde est un monde parallèle au votre, ici tout est fait de données, de 1 et de 0, et les seules créatures vivantes que l’on trouve ici sont des animaux et des Digimon, eux aussi étant fait de données.
– Donc, vous voulez nous faire croire qu’on est plus sur Terre, mais qu’on est carrément dans un autre monde qui ne serait fait que de données ?! réagit Billy interloqué.
– C’est plus ou moins ça. Il y a fort longtemps, à l’avènement de l’informatique, deux ordinateurs très spéciaux ont été créé, leur nom de code : Gaia et Ouranos. On les avait fabriqués dans le but d’obtenir une alternative à internet, il possédait un système d’échange d’information qui utilisait une fréquence très particulière, cette fréquence était plus rapide que celle de la lumière. Mais les machines ne pouvaient suivre une telle fréquence, alors à chaque transmission une partie des informations se perdaient, elles finirent par se regrouper, s’agglutiner, s’enchevêtrer, pour donner le monde dans lequel vous êtes.
« A l’origine il était vide, mais au fur et à mesure que le temps passait, les deux ordinateurs continuaient à fonctionner, alors le monde s’embellissait. De vide il devint rocailleux d’abord, puis l’eau apparut et les océans se formèrent, enfin la vie végétales naquit, le monde était verdoyant, les fruits poussait sur les arbres, les algues tapissaient les fonds marins. Après quoi apparut la vie animale, des poissons pour peupler les océans, du bétail pour peupler l’espace terrestre et des oiseaux pour peupler le ciel. Enfin, apparurent trois œufs, sortant de nulles parts.
« Ces œufs finirent par éclore vite pour donner naissance à trois petits Digimon. Une fois grand ils devinrent les souverains en ce monde ils se nommaient respectivement : Titamon, Opsmon et Saturnmon. Titamon était fort et aimait l’aventure, ainsi que son frère et sa sœur. Opsmon, elle, aimait la beauté du monde dans lequel elle vivait, ainsi que son frère Saturnmon. Saturnmon aimait le pouvoir et était fasciné par le déroulement du temps. A eux trois, ils formaient la Triade Primordiale.
– Dis Émilie, je m’ennuie on peut faire autre chose, vint discrètement me demander Nathan à l’oreille.
– Pas tout de suite, chuchotais-je. On doit d’abord écouter la fin de l’histoire.
– D’accord…
– Ainsi obsédé par cette force, il tenta de la dompter, et au bout de maints efforts il parvint à accélérer le temps dans cette dimension ou pour faire plus simple, il a fait en sorte que cent jours passent ici, quand une minute passe dans votre monde. Ainsi, il put prendre du temps avec sa sœur, chose étonnante pour un Digimon, elle était enceinte, ils étaient heureux et Titamon l’était aussi de les voir ainsi. Cependant un jour Titamon fit un rêve prophétique, si leur enfant prenait le pouvoir, chacun d’eux enfermés pour l’éternité. Ne voulant que cela n’arrive, Saturnmon avala chacun de leurs eux les uns après les autres.
« Opsmon refusant de voir cela continuer cette horrible situation plus longtemps, garda le dernier œuf en elle, où il put éclore et grandir jusqu’à devenir le majestueux Jupitermon. La sortie fut difficile, et Opsmon mourut en couche sans laissé de trace, mais pour la venger il décida d’accomplir sa dernière volonté, il fit vomir ses frères et sœurs à son père et, eux aussi ayant grandi se battirent contre leur géniteur, ils parvinrent à le vaincre et l’enfermer dans les plus bas tréfonds de la Dark Area, l’enfer de ce monde. Titamon ne souhaitant pas finir comme son frère, malgré le fait qu’il soit bien plus fort, décida de leur laisser la liberté tant qu’ils lui obéissaient. Fou de rage d’avoir perdu Saturnmon et Opsmon, il rumina sa vengeance, laissant à ses neveux le luxe de faire ce qu’il voulait.
« Mais ceux-ci n’étaient pas dupes, et pas réellement libre non plus. Ils parvinrent à apporter la vie digitale dans leur monde, permettant ainsi l’arrivée d’autres personnes parmi leurs rangs, tous dieux qu’ils étaient, ils ne pouvaient décemment pas rivaliser avec leur oncle, il leur fallait grossir leurs rangs. Alors Venusmon se joint à leurs rangs, son attrait pour l’amour avait été séduit par l’histoire de ses frères et sœurs qui s’étaient battues pour eux. Quant à Apollomon, Dianamon, Marsmon, Mercurymon, Minervamon et Vulcanusmon, ils choisirent d’eux-mêmes de rejoindre leur père, Jupitermon, pour l’épauler. Les treize dieux ainsi réunis n’eurent plus à craindre de leur oncle ni de sa descendance, une armée aussi monstrueuse que grande et puissante.
« Titamon finit par faire le premier pas, et déclara la guerre à ses neveux, mal lui prit car le Mont Othrys, qu’il habitait et d’où il régnait sur le monde, était encerclé par les dieux qui étaient mené par Jupitermon. Il se fit abattre par les trois fils de Saturnmon : Plutomon, Neptunemon et Jupitermon, les dix autres se chargeant de l’armée. A partir de là, tout allait pour le mieux, ils partagèrent le monde entre eux : Plutomon, qui avait une rancune particulièrement tenace à l’encontre des hommes de la Triade Primordiale, décida de régner sur la Dark Area où il pourrait toujours garder un œil sur la prison de son père et l’œuf de Titamon qu’ils avaient jeté là-bas en compagnie de ce qu’il restait de son armée ; Neptunemon, qui éprouvait une fascination sans borne pour les fonds marins, devint le souverain des océans ; et Jupitermon, qui avait prouvé jusque-là ses talents de meneur, obtint de ses pairs de régner sur les dieux et par conséquent sur le monde. A eux trois, ils étaient devenu la Triade Divine.
« Les dieux vivaient tous en paix chacun de leur côté mais les choses n’étaient pas très organisées alors chacun se vit attribué un rôle et une place sur le Mont Olympe, hormis Plutomon, qui était satisfait de sa place au sommet de la Dark Area. Jupitermon et Neptunemon avait déjà un rôle, Junomon était devenue la reine des dieux, et présidait à la droite de son époux. Ceresmon devint la déesse de la Terre et des Récoltes, devenant ainsi celle qu’on appelle maintenant, Dame Nature. Vestamon devint la déesse du Foyer et des Villages.
« Mais ayant bien trop de travail, elle nomma le dernier fils de Jupitermon à sa place au sommet de l’Olympe, Bacchusmon était alors nommé dieu du Vin et de la Fête, et fut surnommé par ses pairs le Dieu Sans Bataille, parce qu’il n’avait pas affronté Titamon. Vulcanusmon fut nommé dieu du Feu, de la Forge et des Volcans. Les jumeaux Apollomon et Dianamon devinrent respectivement dieux du Soleil et de la Lune, l’un présidant au Jour et à la Divination, et l’autre à la Nuit et à la Chasse. Mercurymon devint le dieu des Shaman et devint aussi le messager des dieux car il était capable de communiquer avec les miroirs et était le plus rapide des dieux, capable des rattraper n’importe quel coureur. Venusmon, dont les capacités transpiraient d’amour et de pacifisme, devint la déesse de l’Amour et de la Beauté, devenant aussi la compagne de Vulcanusmon, qui malgré sa laideur, possédait un grand cœur. Enfin, Marsmon, pour sa férocité au combat, devint le dieu de la Guerre Violente et directe quant à Minervamon, de par son infinie Sagesse, devint la déesse de Guerre Stratégique et indirecte.
« Le monde était ainsi ordonné sous la tutelle des Douze Olympiens, et pour longtemps il était en paix.
– C’était une magnifique histoire, commença Billy. Mais qu’est-il arrivé à Gaia et Ouranos, et la technologie de l’échange d’information à une super vitesse ?
– Nous supposons que les appareils ont arrêté de fonctionner depuis longtemps puisque nous ne recevons plus de données depuis des millénaires, répondit Sirenmon.
– C’est carrément dingue de penser que deux ordis peuvent créer un monde pareil, lâcha Rob.
– Je suis pas sûre d’avoir tout compris Émi, me signala Lona.
– Et pourquoi on est là du coup ? demandèrent les jumeaux.
– J’y venais. Cette fois ci ce sera plus court, ne vous inquiétez pas. Il y a un mois, Titamon a réussi à s’échapper de la Dark Area par des moyens que l’on ne connait pas, il a alors commencé à détruire ce que les dieux avaient construit en s’attaquant à eux les uns après les autres. Au fil du temps, leurs pouvoirs s’étant petit à petit liés les uns aux autres, leur collectif était devenu plus fort, mais l’inverse était aussi vrai, si l’un deux disparaissait ou se faisait convertir au mal, les autres étaient affaiblit. Cependant Titamon ne parvint pas à en tuer beaucoup seul deux furent abattus, Dianamon et Apollomon. Trois rajeunir en perdant une partie de leurs pouvoirs, Neptunemon, Vulcanusmon et Jupitermon, quant à la plupart des autres, ils furent soit convertis au mal, soit enfermé quelque part dans un endroit que seul Titamon connait. Illiade commença alors à sombrer dans la peur et le chaos.
« Mais tout espoir n’était pas perdu, car avant de mourir, Apollomon nous avait prédit la chose suivante :
« Entre les mains d’enfants notre avenir réside,
Que chacun d’entre eux, à notre droite préside.
Car en leur innocence nos forces se trouvent
D’affronter notre oncle avec la fureur d’une louve. »
« Ceresmon scella donc la Mont Ollympe avec l’appui de Vestamon qui l’avait rejoint, et ensemble appelèrent des enfants pour vaincre le vestige de la Triade Primordiale et apporter de l’aide à ce monde décadent. Elles m’envoyèrent à votre rencontre pour que je vous guide au secours du monde. D’ailleurs il serait temps que l’on aille rejoindre vos partenaires.
– Nos partenaires ? fis-je, surprise.
– Oui, vos partenaires, les formes régressées des dieux que vous devez aider à faire grandir à nouveau grâce à la force de votre cœur d’enfant !
– Mais…

Je n’eus pas le temps de demander plus d’explications, au loin, deux êtres étranges, l’un ressemblant à un petit soleil orange avec une flammèche sur une pointe et l’autre à une goutte d’eau mauve, couraient dans notre direction. A leur approche Sirenmon sembla paniquer, comme si un malheur venait d’arriver. Les deux êtres, sans doutes des Digimon, hurlaient quelque chose d’incompréhensible, jusqu’à ce qu’ils soient très proche de nous.

– Sirenmon ! Les autres sont en danger !


Chapitre 1 – partie 2 :

– Philocmon attaque !
– Qu’est-ce que vous dites ?!

La sirène s’était écartée de nous pour les rejoindre et son visage, qui jusqu’à maintenant rayonnait de joie, trahissait à ma surprise une grande inquiétude. Mais ce qui eut lieu l’instant suivant me surprit bien plus : alors que les jumeaux s’approchaient des deux Digimon une lumière intense entoura leurs poignets droits et en disparaissant, un bracelet vint le remplacer. Les bracelets étaient métalliques, pas très épais ni très larges, comme de simples languettes de métal qu’on aurait entourées autour de leurs poignets. Ils étaient de couleurs différentes : celui de Nathan orange pastel et celui de Solène bleu pastel. Alors les deux créatures commencèrent à luire et dire :

– Sunmon évolue !
– Moonmon évolue !

Mais ce n’était pas tout, à mon grand étonnement les bracelets rayonnèrent d’une lumière de leur couleur et les deux nouveaux venus aussi ! Le petit soleil, baigné dans une lumière orange, vit son corps grossir comme une boule et le bas de son corps grandir, devenant ainsi un vrai corps avec quatre membres et une queue. La goutte d’eau, entourée d’une éclatante lumière bleue, grandie, se vit pousser, un corps moyennement large, des bras, et deux paires de grandes oreilles l’une pointant vers le haut et l’autre vers le bas.

– Coronamon !
– Lunamon !

Les lumières se dissipèrent finalement, laissant apparaître le corps des deux Digimon : celui qui avait dit Coronamon était devenu une sorte de lionceau bipède orange et l’autre une lapine blanche. Le lionceau avait le corps recouvert d’une légère fourrure orange pastel, en forme de flamme sur le haut de son crâne, avec une grosse touffe de poils jaunes sur le torse. Ses griffes aux pattes et aux mains étaient du même jaune, quant au bout de sa queue il était enflammé. A ses poignets des bracelets semblables à des montres leurs centres étaient jaune pâle, le cadre en forme d’oméga rouge et le bracelet même était noir. Et sur son front, comme un diadème, assorti aux bracelets, orné en son centre d’une flamme qui mettait en valeur les deux grands yeux verts brillants de la créature. La lapine, quant à elle, faisait tout comme l’autre créature pas plus d’un mètre vingt de haut selon moi, elle était principalement blanche, mais ses oreilles étaient mauves et tigrées blanche, la grande mèche qui poussait du centre de son front, mise en valeur par un croissant de lune jaune, était colorée d’un dégrade venant du blanc de son front vers le mauve. Le bas de son corps ressemblait à une robe et sur son torse, au-dessus d’un motif de croissant de lune qui pointait vers le haut, deux rubans roses se croisaient, reliés par une médaille argentée représentant un croissant de lune qui dormait. Contrairement à son compère qui avait un mignon petit nez jaune, il n’y avait rien entre les deux grands yeux rouges et la bouche de la lapine.

L’étonnement était général parmi les humains, si avoir rencontré des créatures aussi singulières et variées physiquement que les Digimon avait été un choc pour la plupart d’entre nous, que peut-on dire de cette transformation pour le moins… impromptue… Je m’apprêtais à demander des explications quand le lionceau pris la parole :

– Ouah ! On a repris mon niveau Enfant génial !
– Ce qui veut surement dire que ces deux enfants sont nos partenaires ! Bonjour, je suis Lunamon
– Et moi je suis Coronamon !
– Et nous sommes vos partenaires digimon !
– Nos quoi ? demandèrent les jumeaux.
– Vos partenaires Digimon, expliqua Sirenmon. Ce sont des Digimon avec qui vous êtes liés et chaque personne possédant un de ces bracelets que l’on nomme Digivice est lié à un Digimon. Mais trêves de bavardages, nous continueront cette discussion plus tard, il y a urgence pour le moment, nous devons rejoindre les autres !

Sirenmon et les deux autres Digimon partirent alors en direction du lac en courant, ne nous laissant pas le temps de protester. Nous les suivîmes donc, nous aussi en courant, vers le grand lac qui se trouvait en face de nous depuis l’arrivée des deux nouveaux venus. Précédés des trois créatures, nous courûmes pendant un bon quart d’heure, Rob portait Lona qui semblait ne pas pouvoir tenir une telle distance à une telle vitesse. Nous arrivions finalement en vue d’un groupe singulier de créatures, sur une zone dégagée, à l’Est du lac et près de la montagne, se trouvait une bonne vingtaine de créatures dont certaines se démarquaient des autres par leur apparence bien plus frêle : évidemment, la majorité de ces monstres étaient de gros lions au pelage roux et à la crinière brune. Les plus petits êtres étaient clairement en infériorité numérique : un pingouin, un… satyre ? et une sorte de… gobelin ? portant une massue se tenaient face à une quinzaine de lions semblant obéir à un plus autre satyre, bien plus imposant.

– Aegiomon, on est de retour avec Sirenmon et les enfants ! cria Coronamon au petit satyre.
– Bah c’est pas trop tôt, vous avez failli passer à côté du meilleur ! lui répondit-il, On était sur le point de les écraser.
– Tu parles beaucoup pour un petit dieu déchu qui n’arrivent pas à battre le moindre de mes soldats. déclara le grand hybride avec aplomb. J’espère pour toi que ces enfants savent se battre au moins.

Quand nous arrivâmes à leurs côtés, un phénomène semblable à celui qui avait eu lieu à l’arrivée des deux jeunes Digimon se produisit sur trois d’entre nous : Billy, Rob et moi-même vîmes apparaître, précédés par une puissante lumière blanche, des bracelets métalliques colorés à nos poignets, le mien était bleu marine et ceux de Rob et Billy étaient respectivement brun et rouge. Et de la même façon que les jumeaux avaient reconnu leurs digimon par la lumière qui les avaient entourés en évoluant, de puissantes lumières jaillirent des corps de trois créatures : le satyre rayonna de rouge, le gobelin d’un brun clair chaleureux et le pingouin était manifestement mon partenaire puisqu’il rayonna d’une magnifique lumière bleue marine et contrairement à tout à l’heure, les créatures ne changèrent pas de forme, et c’est à ce moment que celui qui avait plus tôt été appelé Aegiomon pris la parôle, avec l’air bien plus sûr de lui que précédemment.

– Ça Philocmon, tu ne sais peut-être pas ce que ça veut dire, mais maintenant que les digivices sont apparus, leur énergie et la nôtre ne font plus qu’un, et ça, ça signifie qu’on va pouvoir botter le cul de tes petits copains ! Allez-y les gars, occupez-vous des Raiamon, je me charge de lui !
– Tu me semble bien présomptueux mais j’ai hâte de voir ce que combiner tes forces avec les leurs va changer.
– Allons-y !

Les deux satyres entamèrent alors un combat que je qualifierai de dantesque, même si j’en verrai plus tard de plus grandioses : Aegiomon, revigoré par toute l’énergie qu’il venait de recevoir de Billy, s’élança face à son adversaire et s’appuyant au maximum sur ses pattes de bouc il décolla du sol à une vitesse étonnante et asséna un violent coup de tête en plein milieu du torse de son adversaire qui ne fléchit même pas le moins du monde. Ce dernier empoigna la chevelure blanche et crépue du petit satyre de sa main droite, l’écartant ainsi de lui, puis le frappa de son poing gauche avec une force herculéenne, l’envoyant du même coup voler de notre coter, nous forçant à nous coucher au sol, puis il se lança à sa suite.

Pendant ce temps-là, d’autres combats faisaient rage : Coronamon et Lunamon s’étaient joint au gobelin et au pingouin pour affronter la quinzaine de lions. Si le lapin blanc et le pingouin avaient du mal à affronter un simple lion chacun, le petit lion et le porteur de massue se battaient férocement contre une demi-douzaine de lions chacun en même temps sans réellement de difficulté, tant que ceux-ci ne se lâchaient pas cependant. Quand ils commencèrent à ne plus supporter les assauts incessants d’un rapide petit lionceau et les lourds coups de gourdins, la donne changea du tout au tout : les créatures furent submergées par le nombre et dans l’incapacité de riposter efficacement, ils perdaient. Ce sont leur partenaires qui leur sauvèrent la mise, Rob et Nathan, très inquiets pour eux, foncèrent chacun sur un lion : Rob, qui étaient assez musclé, en poussa un avec une force prodigieuse, profitant aussi d’un moment de déséquilibre, et le fit rouler sur plusieurs mètres, quant à Nathan, il attrapa et tordit les queues d’un lion. Tiens c’est vrai, ils avaient chacun deux queues, et leurs grandes boucles d’oreilles ainsi que les couettes au bas de leur crinières leurs donnaient un aspect assez punk… plus que cette description ne peut le faire penser en tout cas.

Toujours est-il que les deux garçons déchantèrent très vite, à peine eurent-ils accomplit leurs exploits que les mêmes lions qu’ils venaient d’attaquer se ruèrent sur eux pour se venger, et c’est à ce moment précis que les bracelets des proies ainsi que les créatures se mirent à rayonner puissamment : ils se transformaient.

– Coronamon évolue !
– Shamamon évolue !

Le lionceau sembla s’allonger, prenant la carrure d’un véritable lion, tandis que le gobelin grandit, prenant une forme humanoïde.

– Firamon !
– Baronmon !

Quand la lumière disparut, je n’eus même pas le temps de voir clairement leur apparence, mais Firamon bondit, aidé de ce qui semblait être des ailes, avec fureur sur l’attaquant du jeune garçon, visant sa gorge, la gueule ouverte ! Toutes griffes dehors, le Raiamon sauta en arrière puis, après un rugissement appelant à l’aide ses compères, sauta à son tour sur son adversaire ! Dans un enchainement fulgurant, Firamon repoussa l’agresseur et en fit valser trois autres, puis en sautant sur le premier balaya d’un coup de patte pour chacun les deux derniers, et le tout avec une puissance incomparable ! Au même instant, celui qui s’était fait appelé Baronmon venait d’envoyer la moitié de ses opposants sur les roses et s’apprêtait à lancer des… rochers volants sur ses adversaires ?!! Comment était-ce possible ?!! Mais je n’eus pas le temps de m’interroger plus sur ce sujet car derrière moi venait de retentir une explosion, un bruit semblable à une bombe qui éclate un rocher.

Philocmon venait d’écraser Aegiomon si fort au sol que celui-ci venait de se fissurer, laissant une trace indélébile dans la roche. Pourtant, malgré une claire situation d’inferiorité, Aegiomon n’abandonna pas : prenant appui sur ses mains, il bondit pattes en avant vers la tête de son opposant, mais il le fit si vite que l’imposant satyre n’eut pas même le temps de parer et fut sonner par le choc.

– T’as pas encore la tête assez dure mon pauvre ! le nargua Aegiomon.
– On va voir si tu fais encore le fier, petit adulte quand je t’aurai rappelé la force d’un demi-dieu parfait ! répliqua le grand satyre.

La suite fut si rapide que je ne compris pas tout : un halo noir entoura alors Philocmon, et il sembla grossir, puis en un instant il disparut et Aegiomon fut roué d’une myriade de coup invisible mais si puissant qu’il fut projeté sur une dizaine de mètres en l’air puis fut écrasé au sol, fracassant encore plus celui-ci ! Et alors qu’il saignait par tous les orifices et que Philocmon s’apprêtait visiblement à en finir, une scène surréaliste qu’on aurait dite sortie d’un manga se produisit : le puissant demi-dieu se tenait accroupi, un bras pourvu d’une main aux griffes acérées maintenu à quelques centimètres de là où se trouvait précédemment sa cible : à sa place, Firamon venait de bloquer sa main et des gerbes de flammes s’échappaient de sa gueule, et autour de lui se trouvait d’énormes rochers en lévitation prêt à l’écraser à chaque instant. Baronmon, qui portait Aegiomon sur son épaule, se tenait derrière le grand lion et à cet instant, plus personne ne se battait et tout le monde observait la scène. Enfin, après un moment qui parut aussi long qu’intense, le halo qui entourait Philocmon se dissipa et il se remit droit puis, bizarrement, il applaudit, surprenant alors chacun d’entre nous.

– Je vois, dit-il en cessant d’applaudir, ce n’est pas encore parfait mais la volonté est bien là. Eh bien mes amis, vous venez de passer le test ! Et vous les humains, félicitations à vous. fit-il en désignant Rob et Nathan.

Tout le monde était sonné par cette déclaration. Personne ne comprit de quoi il parlait, ou plutôt, personne ne comprit comment une telle violence avait pu être considérée comme un “test”. Finalement, je brisais le silence

– Comment ça un test ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Vous vous ramenez avec votre petite clique, vous tabassez ce pauvre gamin et vous voulez nous faire prendre ça pour un test ?!! Mais vous vous rendez compte du culot que vous avez ?!!
– Oh, je ne pensais pas rencontrer une si jeune humaine avec un tempérament aussi fort ! répondit-il en riant de bon cœur. En effet très chère, ceci n’était qu’un test, reprit-il avec plus de sérieux. Ce que les déchus vous feront s’ils vous rencontrent… Ce que le Titan et ses armées vous feront quand ils apprendront votre venue dans ce monde… Ceci n’était rien ma pauvre enfant car le cauchemar commence tout juste.


Chapitre 1 – partie 3 :

Le silence planait. Après une déclaration aussi grave tous les humains se sentaient mal à l’aise : dans quoi avions-nous bien pu être embarqués ? Nous n’avions rien demandé, et nous arrivions selon ces mots, dans un cauchemar qui ne faisait que commencer ?!

– Ramassez le petit et soignez-le, nous fit Philocmon, vous avez beaucoup de choses à apprendre et pas beaucoup de temps. Ils sauront bientôt que vous êtes ici, et vous ne voulez pas qu’ils tombent sur vous dans votre état actuel.
– Qui ça “Ils” au juste ? répondis-je avec inquiétude.
– Ceux qui vous veulent du mal je suppose. Titamon et sa clique, et croyez-moi ce ne sont pas des enfants de chœurs.

Titamon… Il était la source de tous nos maux. Celui à cause de qui nous étions arrivés dans ce monde. Je ne le connaissais pas encore et déjà, je le haïssais, car ce qui allait nous arriver, était clair pour moi déjà à ce moment-là, même si mon pressentiment était bien en dessous de la réalité.

Je me retournais alors vers Aegiomon, en tentant de chasser ces noires pensées de ma tête, et je me concentrais sur celui qui le tenait, Baronmon. Son visage rappelait les masques de démon japonais, avec un groin et des oreilles de cochon, une peau bleutée, des dents qui dépassaient de ses deux lèvres, lui empêchant de fermer sa bouche, des sourcils rouges rappelant des flammes et un troisième œil milieu du front. Il avait de plus des cheveux rouges s’élevant tel un brasier et des cheveux gris argentés descendant tels des poils de porc-épic jusqu’au niveau de ses genoux. Il portait une grande cape rouge sur une robe de cérémonie verte, décorée de quelques bijoux rituels. Et dans un détail choc, il avait à ses mains des gants de cuir brun très épais et à ses pieds des bottes du même matériau. Tout chez lui était effrayant, pourtant, il avait un air triste sur le visage qui le rendait beaucoup plus amical et qui attirait presque un peu de pitié.

Cet air triste était à l’intention d’Aegiomon. Le pauvre avait beaucoup souffert pendant son affrontement contre Philocmon et les blessures qu’il avait en témoignaient. C’est Sirenmon qui le prit en charge, la petite guide ayant semble-t-il quelques facultés de guérison. Elle le fit allonger sur une partie du sol qui n’était pas détruite. Je me tenais à un petit mètre de là, observant le satyre. C’était la première fois que j’en voyais un de toute ma vie. C’était normal en effet puisque ceux-ci n’existe pas dans notre monde, mais c’était évident qu’il en soit un. Aegiomon avait le bas du corps d’un bouc, avec les jambes, ou plutôt les pattes, arquée, recouvertes de fourrures et ornées de sabots fourchus au-dessus desquels était attachés des sortes de foulards rouges. La fourrure remontait jusqu’à son nombril et à sa taille pendait une ceinture à laquelle étaient attachés des sortes de jambières, comme celles de Sirenmon, blanches tachetées du sang rouge de leur porteur et entre chaque attache une flûte de Pan, rangée dans un pagne. Le haut de son corps quant à lui était celui d’un jeune garçon à l’aube de l’adolescence. Son torse était plus recouvert de tatouages rouges que de vêtements, sa veste n’étant pas assez longue pour dépasser les pectoraux et n’étant pas beaucoup plus qu’un simple bout de tissu noir. À chaque main il portait des gants blancs, usés par ses combats et serrés à ses poignets par des bracelets dorés chacun ornés d’une pierre bleue. De chaque gants remontaient jusqu’aux coudes des motifs de flammes rouges et au-dessus de ceux-ci se trouvaient des brassards rouges. Pour lui permettre de respirer plus facilement, Sirenmon lui retira son écharpe rouge déchirée à chaque bout, comme le sont les foulards de pattes et la veste. Enfin, son visage infantile semblait tordu de douleur, son œil droit était mi-clos et l’autre, ornée de motifs rouges d’éclair, était au beurre noir. D’une de ses oreilles pointues coulait du sang et ses cheveux blancs tout comme ses cornes noires en étaient imprégnés, sans doute le sang a-t-il coulé quand il se trouvait la tête en bas.

Donc, tandis que le jeune Satyre se faisait soigner nous nous asseyons en cercle à côté de celui-ci pour écouter ce que le vieux satyre avait à nous dire, tout en restant sur nos gardes après un tel incident. Pendant ce temps les Raiamon se réunissaient pour partir au plus vite prenant aussi en charge les blessés. Philocmon était bien plus grand qu’Aegiomon, ce dernier ne dépassant pas le mètre cinquante alors que lui faisait presque trois mètres de haut. Du haut de ses pattes de bouc noires siégeait le torse humanoïde du satyre, entièrement dénudé et recouvert çà et là de profondes cicatrices et tout en haut du corps, la tête recouverte de cheveux courts noirs et ornée de cornes de bouc noires en spirale. De son visage, marqué par le temps, nous observaient deux grands yeux noirs qui imposaient un certains respect. Il prit enfin la parole :

– Étant donné que vous les humains venez de débarquer ici je vais vous faire un rapide topo sur la situation. Cela fait maintenant 3 ans que Titamon a vaincu les dieux et qu’il règne par la terreur. Ses généraux et ses armées traquent sans relâche les dieux survivants pour les supprimer définitivement. Si moi-même je suis venu jusqu’ici ce n’est pas pour vous vendre au tyran mais pour vous aider, car malgré leur état, ils restent mes dieux et si la nature ressemble encore à peu près à quelque chose c’est grâce à leurs efforts conjugués.
– Mais où vous voulez en venir à la fin ? demandais-je, fatiguée des longs monologues.
– J’y viens. Votre but étant de faire revenir à leurs états d’origine le monde et les dieux, vous devez d’abord retrouver et ramener à la raison les Traîtres. Marsmon, Mercurymon, Venusmon et Bacchusmon. Par-delà ce lac se trouve trois chemins : celui qui va vers l’Est vous mènera au domaine du dieu de la Fête, l’Ouest vous guidera jusqu’à la forteresse du dieu de la Guerre et par le Nord vous atteindrez la demeure de la déesse de la Beauté. Quant à Mercurymon il ne tient pas en place en ne se trouve jamais deux fois au même endroit, faîtes très attention si vous le croisez, il est extrêmement rapide. Bien, puisque vous êtes tous ensemble, je vous laisse, vous n’avez plus besoin de mon aide. Raiamons, on lève le camp !

Il partit ainsi accompagné de son troupeau de lion vers le lointain, dans la direction d’où nous venions. Je me perdis ensuite dans mes pensées sans vraiment penser à quelque chose, puis je fus brusquement ramener à la réalité quand Sirenmon annonça qu’elle avait fini. Je me tournai donc pour constater l’état dans lequel était Aegiomon et je remarquais de nombreuses cicatrices sur son torse qui en était dénué à l’origine.

– Ne vous inquiétez pas, rassura Sirenmon, maintenant que je l’ai soigné, ses cicatrices partiront vite, Aegiomon est tout sauf un Digimon ordinaire, c’est le Dieu des Dieux !
– C’était Jupitermon à l’origine ? demanda Billy avec émoi.
– Ouais enfin plutôt ce qu’il en reste… répondit avec difficulté l’intéressé. Mais d’ici peu j’aurai repris mes forces et grâce à toi partenaire, je vais pouvoir reprendre mon trône et rendre à ce monde la paix qu’il mérite !
– Ah oui au fait, quelqu’un pourrait faire les présentations parce qu’on connait pas vos noms nous, fit le pingouin qui se tenait près de moi. Moi je suis Penmon et voici Shamamon !
– Bonjour ! répondit le gobelin avec un sourire chaleureux.
– Bonjour… Moi c’est Émilie.
– Moi je m’appelle Nathan et voici Solène !
– Je m’appelle Rob, ravi de vous rencontrer.
– Et moi c’est Billy !
– Voilà, maintenant que les présentations sont faites pourrait-on en venir à l’essentiel ? reprit Sirenmon. Je suis désolé de plomber l’ambiance mais Philocmon avait raison. Les lieutenants de Titamon ne reculeront devant rien pour vous abattre ! Bon, et maintenant laissez-moi vous expliquez quelques dernières choses avant qu’on parte en guerre. À vos poignets ce sont des digivices : ces bracelets réagissent aux émotions de leur porteur, et ils s’activent en cas de danger et/ou de besoin pour vous permettre de faire évoluer vos partenaires les rendant ainsi plus fort comme vous avez pu le remarquer tout à l’heure. Bien sûr il faut que le Digimon soit en forme pour évoluer car ça demande beaucoup d’énergie et le seul stade d’évolution définitif est le dernier, le niveau Ultime.
– Ultime ? demanda Billy, Est-ce que ça a un rapport avec les “adultes” et “parfait” de Philocmon ?
– En effet, les stades d’évolution principaux sont les suivants : Bébé, Entrainement, Enfant, Adulte, Parfait et Ultime. Aegiomon est de niveau Adulte, moi Parfait et eux Enfants.
– Attendez, ça veut dire que vous êtes plus puissantes qu’eux ? demandai-je surprise.
– Oui et non. J’ai plus de puissance oui, mais je ne sais pas me battre, je ne peux que soigner ou donner un petit coup de pouce. Même si effectivement, chaque niveau est beaucoup plus puissant que le précédent. En théorie. Puisque certains puissants Adultes peuvent battre de faibles Parfaits.
– Je vois…
– Sachez aussi que grâce à ces bracelets je peux vous retrouver où que vous soyez, donc si vous vous perdez, ne les perdez surtout pas ! Ils sont très importants !
– Compris, c’est tout ? fit Billy
– En effet, maintenant nous allons pouvoir traverser ce lac.
– Et on fait comment ? À la nage ? demanda Nathan.
– On va aller du côté d’où sont venu Philocmon et les Raiamons, il y a un petit port désaffecté.

Nous marchâmes donc tranquillement en direction du port, l’état de certains d’entre nous ne permettant pas la hâte. Bizarrement, je ne remarquais que maintenant que Coronamon et Shamamon avaient repri leurs formes d’Enfant, ce qui me fit réaliser que je n’avais pas vraiment eu le temps de voir correctement Firamon avec l’empressement du combat. Enfin bon… Je regardais alors autour de moi pour passer le temps tout en avançant. Au début j’observais Shamamon de loin, il faisait tout juste un mètre trente à vue de nez, ses cheveux coiffés à l’iroquoise étaient jaunâtres, le peu de vêtements qu’il avait étaient bleus et ses membres et son visage, disproportionnés comparés à son corps, étaient recouverts d’une peau verte foncée, et pour couronner le tout, il tenait dans sa main une massue pleine de vis. Pourtant malgré son air effrayant, il m’avait jusque-là semblé le voir très gentil avec les autres et très empathiques.

J’observais ensuite mon propre partenaire, Penmon. C’était un tout petit pingouin, assez large, violet avec un très long bec jaune au bout violet et des pattes palmées, et comme la plupart des Digimon que j’avais rencontré jusqu’à présent, il avait lui aussi de grands yeux très expressifs. Puis mes yeux s’orientèrent vers le paysage : à ma droite, une grande chaine de montagnes dont les sommets étaient perdus dans les nuages, elles étaient recouvertes d’une dense forêt continentale et çà et là des clairières où je pouvais distinguer quelques animaux, même si c’était sans doute des Digimon. Et à ma gauche, un magnifique lac, sur lequel se reflétait le ciel totalement dégagé, s’étendait à perte de vue. Si je n’étais pas au courant que j’étais dans un autre monde, j’aurais pu me croire sur les rives du lac d’Annecy. En plus de cela la prairie étant verdoyante et les fleurs poussaient abondement : en résumé, c’est dans ce jardin d’Eden qu’allait se jouer notre aventure cauchemardesque.

Arrivés en vue du port, nous remarquions que celui-ci n’en était plus vraiment un : le bâtiment s’était écroulé depuis des années à vue d’œil, les bateaux étaient presque tous en train de pourrir sur le sable sauf deux embarcations qui avaient l’air de pouvoir tenir à peu près correctement l’eau et le ponton avait disparu. En arrivant tout près nous entendions soudains des voix s’élever du bâtiment détruit. Au début ce n’étaient que des rires, puis l’une des voix pris la parole :

– Tiens donc, qu’est-ce que des dieux peuvent bien vouloir faire dans un endroit pareil ? Une petite excursion en famille ?
– Qui êtes-vous et que voulez-vous ? demanda fermement Billy.
– Oh mais c’est qu’il ferait presque peur l’humain, fit la voix d’un ton sarcastique. Rien que de penser à ce qu’il pourrait nous faire j’en ai la chair de poule…

Elle recommença à rire de plus belle.

– Je reconnais cette voix… remarqua Aegiomon. Que faites-vous là ?!
– Nous sommes juste venues à votre recherche mes seigneurs.

À cet instant, les voix se turent, puis de la ruine s’élevèrent trois créatures, laides, au visage de femme, à l’apparence humanoïde et pourtant leurs corps étaient couverts de plumes blanches. Leurs pattes étaient pourvues de griffes acérées et leurs yeux inexpressifs présageaient d’une cruauté sans égal. Celle du milieu, qui semblait être la chef, continua à parler :

– Nous sommes les Harpymons et nous sommes ravies de vous revoir, vos altesses. fit-elle en mimant une courbette.
– Cesse donc de mentir ! lui cria le satyre. Depuis notre chute vous n’en avez fait qu’à vos têtes, vous ne rêviez que de ça hein ? Pouvoir prendre votre indépendance, et faire ce que vous vouliez sans craindre ma colère ? Ou peut-être avez-vous offert vos services à Titamon ?
– Évidemment, nous n’obéissons qu’au plus fort, et tu as perdu ce titre depuis bien longtemps petit bouc.
– Vous allez payer votre rébellion ! À l’assaut !

Un combat effréné s’engagea soudain : tandis que la chef des harpies s’attaquait à son ancien chef, ses acolytes fonçaient chacun sur deux Digimon à la fois, d’un côté Lunamon et Penmon, de l’autre Shamamon et Coronamon, et force est de constater qu’elle n’avait pas fait le meilleur choix. Alors que Sirenmon nous faisait reculer, je voyais la harpies se faire malmener par des coups de massue cloutée et des boules de feux que lui lançait le lionceau, et ça marchait, mais très vite la harpie se mit en colère et fonça sur nous, ou plutôt, sur Nathan. Ni une ni deux, le lionceau évolua et sauta d’un seul coup sur sa proie, gueule ouverte en direction de sa nuque. Il passa au-dessus de nous, un craquement sec se fit entendre, et elle disparue en un flot de données qui se dirigeait vers l’Est.

Pendant ce temps, et malheureusement pour mon petit pingouin, les choses se passaient plutôt mal de son côté : la harpie l’avait roué de coup de serre, venait d’attraper Lunamon et tentait de l’étouffer, voire même de lui briser les côtes. À ma gauche, Solène pleurait. Elle ne comprenait pas ce qui se passait, elle n’était pas aussi courageuse que son frère, pas au point de s’attaquer elle-même à la créature. Firamon et Shamamon étaient trop loin. Aegiomon se battait avec sa propre harpie. Je devais agir.

J’attrapai une grosse pierre au sol, me levai d’un bond, et dans le même élan je jetai la pierre sur la tête femme-oiseau. Elle parut tressaillir, son étreinte se relâcha un instant puis doubla d’intensité.

– Si vous faîtes quoi que ce soit, je lui brise la nuque et je la dévorerai petit bout par petit bout !
– Nooooooon !

Solène venait d’hurler, et au même instant, son bracelet rayonna.


Chapitre 1 – partie 4 :

– Lunamon évolue !
Dans les bras de la harpie, la lapine était englobée de lumière, sa silhouette grandis et des bras et des jambes plus longs poussaient. Ses oreilles se séparaient et sa mèche se recourbait vers l’arrière. Son corps s’était aminci et un foulard venait d’apparaître derrière sa tête nouvellement rétrécie. La lumière se dissipa.
– Rexmon !
Ensuite, tout s’enchaina, la lapine brisa l’emprise fragilisée de son agresseur puis avec une agilité stupéfiante, le roua de coup pour ensuite s’appuyer sur son torse pour retourner au sol, projetant ainsi l’adversaire vers les ruines du bâtiment du port, puis sauter de plus belle depuis le sol vers son adversaire, qui continuait à voler vers sa destination, pour atterrir sur son torse et le pousser encore plus fort, l’écraser contre le sol, brisant du même coup sa colonne vertébrale, qui se rompit dans un craquement des plus effroyables. Un flot de données semblable au précédent s’envola de la même façon vers l’Est. Il ne restait maintenant plus qu’un élément perturbateur
Aegiomon était aux prises avec la dernière harpie. Les coups de cette dernière étaient tous destinés à faire souffrir et on voyait la rage monter dans les yeux du satyre. Violemment, il lui saisit une patte et la projette au sol, bondit dans le but d’atterrir avec les sabots directement sur son adversaire mais celui-ci roula sur sa gauche et dans un fracas étonnant, l’ex-dieu de la foudre abattit son poing droit chargé d’électricité sur la créature. Son corps fumant disparu sous nos yeux de la même manière que ceux de ses consœurs.
– Bah alors, tu supportes pas les éclairs ? fit-il sur un ton sarcastique. C’est gênant quand on est un oiseau et ça t’apprendra à trahir ton roi.

Et sur ces mots nous nous apprêtions ainsi à partir dans les bateaux qui tenaient encore l’eau. Firamon et Rexmon se rapprochaient, et je pouvais ainsi les observer. Le lion avait gardé son pelage roux, mais sa crinière était dorée, tout comme ses griffes et son museau. Il avait des morceaux d’armure, au front et à ses oreilles, ainsi qu’à ses pattes arrière, et des bracelets à chaque patte d’où jaillissaient des flammes, tout comme à sa queue. Et il était maintenant pourvu de grandes ailes de la même couleur que son pelage. Quant au lapin blanc et mauve, il avait de longues pattes arquées, des bras semblable à ceux d’humains avec des gants noirs décorés de lunes. Derrière lui avaient poussés huit queues et un masque lui recouvrait le visage, attaché par ce que j’avais pris pour un foulard.

Ils reprirent leurs formes précédentes avant de monter sur un bateau. Billy et moi étions montés avec nos partenaires et Sirenmon qui devait soigner Penmon et les autres étaient montés sur la seconde barque. Elles étaient simples, en bois, et bizarrement elles étaient en assez bon état, surtout comparées aux autres embarcations pourrissant sur la rive. Notre destination était le nord du lac, là-bas nous trouverions les chemins menant aux dieux déchus. Il va sans dire que j’appréhendai cette rencontre, après tout, qui, à 15 ans, souhaitait faire la guerre à un ennemi qu’il savait pertinemment plus puissant et en sachant parfaitement qu’il n’aurait aucune chance de survivre. J’interrompais alors ce flux de pensées horribles, ne pouvant de toute façon rien faire pour arranger ma situation, puis je me posais en travers de la barque pour me reposer, laissant d’un côté Billy et Aegiomon ramer, tandis que Sirenmon soignait Penmon. Je m’endormis sans m’en rendre compte.

– Éléna ! hurlais-je.

Je venais de me réveiller d’un cauchemar à propos de ma sœur, sans doute est-ce ce lac qui m’avait fait remémorer ce douloureux souvenir, toujours est-il que je me réveillai au bon moment car ce qui allait suivre méritait toute mon attention. Penmon avait été guéri par Sirenmon et se reposait, jusqu’à ce que je le réveille en fait… Mon réveil avait surpris tous les passagers de notre embarcation, mais avant même qu’ils aient eu le temps de me poser une question, du mouvement eu lieu dans le lac, et un rire s’éleva de celui-ci.

– Bon, le rire diabolique quand une créature arrive et qu’elle veut notre peau, ça va cinq minutes ! dit Billy d’un air agacé. Alors maintenant, tu nous dis qui tu es, tu nous dis ce que tu veux, on te latte et on se barre d’accord ?

– Euh… cette fois-ci je suis pas sûr qu’on s’en sorte à si bon compte Billy… répondit Aegiomon, qui, étrangement, semblait éprouver une peur qui lui était inhabituelle.
– Ne me dis pas que c’est elle… murmura Penmon, inquiet.
– Qui ça ? demandais-je.
– Ça !
Aegiomon pointait du doigt une forme humanoïde féminine aqueuse qui se détachait presque du lac. Elle prenait de plus en plus une forme distincte jusqu’à prendre la parole :
– Les dieux déchus ! Ah ! Cela fait bien longtemps que je ne vous avais vu, n’est-ce pas père ?
– Que fais-tu ici ?! demanda Penmon, surpris. Jupiter t’avais scellée dans le détroit d’Enissem !
– En effet, j’étais bien dans le détroit d’Enissem, jusqu’à votre chute. Depuis, je suis libre de me déplacer à travers les cours d’eau, et j’ai fini par atteindre ce lac, et le hasard a voulu que je vous trouve ici !
– C’est moi ou le monde s’est vraiment cassé la gueule quand Titamon vous a viré du trône céleste ? fit Billy, légèrement moqueur.
– On t’a rien demandé, répondit Aegiomon, en plus là c’est pas une simple harpie ou quelque chose d’aussi facile à vaincre, là c’est Charybdemon, et elle n’a pas d’enveloppe physique qu’on puisse frapper, en plus de ça c’est un puissant tourbillon qui dévore tout ce qu’il peut donc tu m’excuses mais là j’ai plus envie de fuir que de rire !
– Ah ah ah ah ah! Effectivement, je compte bien vous dévorer, mais si vous voulez fuir, faites donc, j’adore poursuivre mes proies maintenant que j’en suis capable.
– Dis-moi Penmon, puisqu’elle a dit être ta fille, ne pourrait-elle pas passer l’éponge pour une fois et repartir sans nous manger ? demandais-je sans la moindre conviction.
– Je crois plutôt que, parce que je suis son père et que je n’ai jamais rien fait pour empêcher son exil à Enissem, elle veut encore plus me dévorer.
– Bon alors on fuit.
– Oui.
– Fuyez tous ! hurlais-je à l’intention de la deuxième barque qui s’était aussi arrêtée quand Charybdmon était apparue. Sirenmon, protège Lona, c’est la seule qui n’a aucun partenaire Digimon !

À partir de là les choses s’enchainèrent très vite : Coronamon évolua pour porter les jumeaux et s’envoler sans aucun problème mais pour Rob, Lona et Shamamon, ce fut plus compliqué. Sirenmon arriva pour aider ma nièce à s’envoler aussi mais Rob et Shamamon n’eurent pas la même chance : Charybdmon les prit d’assaut avant que le gobelin n’ait eu le temps d’évoluer. Aegiomon fit alors tomber un éclair à l’endroit où se tenait la silhouette qui ne sembla pas apprécier la diversion. Fonçant sur nous, elle laissa assez de temps à Shammamon pour évoluer et suivre la sirène et le lion rouge vers le Nord, portant ainsi toute son attention sur nous.

– Bon, je crois qu’il serait temps de faire quelque chose pour ta fille, non ? dis-je à Penmon.
– Et que veux-tu que je fasse elle est faite d’eau je te signale ! répondit-il.
– T’es pas censé être le dieu des océans ?
– D’une, là je ne suis rien de plus qu’un pingouin, de deux, on est loin de l’océan !
– Oh ne joue pas sur les mots tu m’as très bien comprise !

Alors que je me disputais légèrement avec mon partenaire à plume, sa fille fonça sur notre barque pour la détruire. Je n’eus le temps que d’entendre Aegiomon nous prévenir de sauter de la barque et de lui obéir en prenant avec moi le petit dieu des mers, juste avant que la furie d’eau ne réduise le petit bateau en copeau de bois.

– Oups, vous aurais-je interrompue pendant votre petite discussion ? fit-elle en esquissant ce qui semblait-être un rictus satisfait sur son visage translucide. J’espère que vous en avez profité, parce que je crois que c’était la dernière.
– Si quelqu’un a une idée je suis preneuse ! criai-je à mes camarades de détresse.
– Moi j’en ai une ! Et si je vous tuais à petit feu ?

Et alors même qu’elle finissait de prononcer ces mots, le lac se mit à trembler, et inévitablement l’eau se mit à tourbillonner. L’espace d’un instant je me rappelai le rêve que j’avais fait quelques minutes auparavant, puis je chassai cette pensée pour me concentrer sur un moyen possible de ne pas finir de la même façon. Je m’apprêtai à ouvrir la bouche pour m’adresser à nouveau aux autres, mais une langue d’eau m’empoignant à la gorge et me fit sortir de l’eau.

– Dis-moi, tu as l’air d’être le cerveau de votre petite équipe, alors je me disais que j’avais deux choix, je peux d’un côté, t’enfermer dans une bulle d’eau pour que tu vois tes petits copains se noyer dans mon tourbillon et ensuite les rejoindre, ou de l’autre, te noyer dans cette même bulle, sous les yeux de tes amis qui resterait là, impuissant en te regardant mourir… Oui… Ça c’est une bonne idée…
Elle entama alors la sentence qu’elle venait de prononcer et je retenais ma respiration aussi longtemps que je pouvais espérant qu’un miracle ait lieu.

– Émilie ! cria Billy, Aegiomon lance un éclair sur cette horreur d’eau !
– T’es malade ?! Si je fais ça on va griller sur place en deux secondes et demi, si j’ai pu le faire toute à l’heure c’est parce qu’on était pas dans l’eau ! En plus elle est encore en contact avec la bulle autour d’Émilie !
– Alors qu’est-ce qu’on peut faire ?!

Tandis que ma vue et mon esprit commençaient à s’embrouiller par le manque d’oxygène et que je perdais peu à peu espoir, je ne pus plus retenir ma respiration et relâchai le peu d’air qui me restai. Mes poumons se remplirent alors d’eau et je me noyais… Mais au même instant, mon bracelet irradia d’une puissante lumière bleue, la même que lors de son apparition, et je savais ce que cela voulait dire…

– Penmon évolue !
– Quoi ?! s’exclama Charybde

Soudain, le pingouin se changea en une sorte de dauphin et sauta en dehors de l’eau, m’attrapant par la veste en balayant sa fille au passage d’un puissant coup de queue.

– Rukamon !

Tremblante de colère, l’image aqueuse de notre adversaire se rematérialisa à quelques mètre de nous et le tourbillon s’intensifia brutalement. Et tandis que je venais de recracher l’eau qui avait rempli mes poumons, j’ordonnai à Rukamon d’aller chercher nos deux camarades piégés dans le maelström afin de les en sauver. Sa vitesse était phénoménale et qu’importe la puissance de l’eau il nageait à contre-courant comme si de rien n’était. Ayant repris mes moyens je m’accrochais du mieux que je pouvais au dauphin en bloquant mes jambes autour de lui, quant à mes bras, ils attrapèrent Billy et son partenaire au passage qui étaient en train de se noyer.

– Et maintenant ? demanda Rukamon.
– Fonce vers le Nord, à la sortie du lac, même si elle va vite dans l’eau, si on atteint la terre ferme elle ne pourra pas nous suivre aussi facilement.
– Mieux encore, intervint le jeune satyre, elle ne pourra pas nous suivre si nous allons dans la rivière elle est rapide quand il faut déplacer son avatar ou contrôler le tourbillon, mais son essence même est une entité si énorme qu’elle ne peut se déplacer que très lentement.
– Génial, alors on fonce vers la rivière Rukamon !
– Compris !
– J’espère juste que les autres vont bien… pensais-je à l’intention de ma nièce.

Mais nous oubliions un détail, Charybde nous suivait toujours. L’avatar d’eau fonça sur nous avec fureur et tenta de m’agripper. D’un puissant coup de queue, Rukamon brisa à nouveau l’enveloppe humanoïde de notre ennemie qui jura dans un hurlement de rage que ce n’en était pas fini au moment même où nous atteignions la rivière.


Chapitre 1 – partie 5 :

Nous continuions depuis un bon quart d’heure à descendre la rivière à bonne vitesse quand Rukamon nous annonça qu’il était trop fatigué pour rester sous sa forme de champion. Nous décidâmes alors de sortir de la rivière et de continuer notre route vers le palais de Bacchusmon à l’Ouest, direction dans laquelle le courant de la rivière nous avait porté. Portant sur mon dos le pingouin fatigué qui venait de reprendre sa forme d’origine, j’avançais trempée aux côtés d’un Billy tout aussi trempé et de son partenaire le satyre pas moins mouillé que nous. Heureusement le soleil cognait fort et nous sécherions bien vite.

Il devait être quatre ou cinq heures de l’après-midi mais la chaleur était celle d’un été indien. Nous avancions à grand peine quand d’un commun accord nous nous arrêtions à l’ombre d’un arbre pour nous reposer un peu. Une forêt bordait chaque rive du cours d’eau et celui-ci s’étendait à perte de vue. Quelle distance avions nous pus parcourir depuis notre séparation avec les autres ? Je ne pouvais m’empêcher de penser à Lona, elle devait être terrorisée par tout ce qui se passait, et perdue par mon absence. Si seulement on avait été dans la même barque…

Le fil de mes pensées fut brusquement interrompu par un bruit sourd d’insecte qui volait derrière nous, caché par les arbres, mais pas un petit moustique ou une mouche, quelque chose de beaucoup plus gros. À mesure qu’il se rapprochait je le trouvais de plus en plus gros, plus gros encore que nous, ce qui n’était pas étonnant dans ce monde, certes, mais ce n’était en rien plus rassurant.

– Dites, les insectes locaux ils sont du genre gentil ou méchant ? demandai-je inquiète.
– Disons qu’en général, plus c’est grand, plus c’est méchant. répondit Penmon.
– Bwarf, depuis qu’on est arrivé ici on a déjà vu pire que de simples insectes, et pourtant on est là que depuis quelques heures. fit Billy pour signifier sa totale tranquillité d’esprit.

Et comme pour lui rabattre son caquet, la créature surgit d’au-dessus des arbres, un monstrueux scarabée orange géant qui hurlait puissamment et se dirigeait rapidement vers nous.

– C… C’est quoi ça ? articulai-je tant bien que mal.
– Ça, c’est Kuwagamon, et c’est pas bon. expliqua Penmon sur un ton neutre.
– Oh ça va, si c’est juste un Kuwagamon un petit éclair devrait le calmer, c’est jamais qu’un simple adulte. fit le petit Zeus avant de faire tomber avec fracas un éclair sur le scarabée.

Dans un râle d’agonie, la créature tomba au sol, la peau entièrement carbonisée. Elle semblait encore en vie, mais pas en assez bon état pour nous poursuivre. Le satyre se tourna alors vers nous avec un petit sourire satisfait qui disparut à l’instant même où d’innombrables bruits d’insecte semblable se firent entendre. Sous nos yeux médusés, une nuée de scarabées orange géants sortirent de la forêt en hurlant de colère contre nous comme pour crier vengeance.

– Et maintenant que ce n’est plus Un Kuwagamon, on fait quoi ? demanda Billy sarcastiquement.
– On cour. répondit Penmon sur un ton complètement neutre.
– J’ai comme une impression de déjà-vu. fis-je pensive.

Nous nous mîmes tous à courir dans la direction opposée à cette véritable armée ne pouvant faire autre chose jusqu’à ce que le pingouin propose de se jeter dans la rivière pour échapper plus facilement aux insectes. Nous nous jetâmes donc prestement dans la rivière, toujours suivis de la nuée d’insectes, Penmon évolua, il était certes fatigué mais notre cas était désespéré, et une fois dans l’eau nous serions hors de portée. Mais tout ne se passa pas comme prévu : au bout de quelques minutes de fuite, Rukamon reprit sa forme d’enfant sans prévenir, les insectes nous suivaient toujours, le courant nous emportait trop vite pour pouvoir sortir de l’eau et, comme dans tous mauvais film où les héros se retrouvent sans défense dans une rivière, une cascade nous attendait à quelques dizaines de mètres de là. Nous tombâmes et puis ce fut le noir.

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– Grande sœur, au secours ! criais-je prise de panique en me débattant dans l’eau incapable de discerner ce qui se passait autour de moi
– Attrape ma main Émilie ! fit une voix masculine qui ne m’étais pas inconnue.

Billy m’agrippait de toutes ses forces et lui-même était retenu par Aegiomon qui se tenait au rebord de la rivière dans laquelle on venait de tomber.

– Remonte-nous ! lui cria l’adolescent.
– Je fais ce que je peux !

Il parvint à nous faire sortir de l’eau de justesse, apparemment ils ne s’étaient pas évanouis pendant la descente et avaient réussis à nous rattraper Penmon et moi in extremis. Sans Billy et Aegiomon, je n’ose même pas imaginer ce qui me serait arrivé. On m’avait sauvé, encore…

– Merci… de m’avoir sauvé… parvins-je à articuler, encore sous le choc.
– Mais de rien princesse, ça fera 155€ TTC. plaisanta Billy. Et sinon Aegi, comment va le pingouin ?
– Depuis quand tu me parles avec aussi peu de respect ? Et de mon frère ? Je te signale qu’on n’a pas gouverné le monde ensemble Billy, ait un peu de respect pour notre rang !
– Oui oui, si tu veux, du coup, comment va sa majesté le Dieu des Mers ?
– Pff… Ça ira pour le moment mais il faut qu’il se repose, il est vidé.
– Du coup je suppose qu’il va falloir trouver un endroit pour se mettre au calme, alors ne perdons pas de temps, les insectes géants risquent de revenir d’une seconde à l’autre, en espérant qu’ils nous croient morts.

Aegiomon prit le pingouin sur ses épaules et Billy m’aida à me relever. Nous marchâmes pendant une bonne demi-heure avant d’arrivé enfin en vue d’un lac à côté duquel se trouvait une grotte, l’endroit parfait pour rester se reposer pour la nuit. Mais avant de penser à la nuit, il nous fallait penser à manger, ça faisait des heures que nous étions arrivés dans ce monde, et pas une seule fois nous n’avons eu le luxe de boire ou de manger quelque chose.

– Dis-moi Billy, est-ce que tu sais pêcher ? demandais-je.
– Avec ou sans une canne ?
– Plutôt sans, je ne suis pas sûr qu’on pourra en bricoler une pour le moment.
– Moi je peux vous aider en lançant un éclair sur le lac. fit le satyre désireux de manger lui aussi.
– Euh… Non merci, déclinais-je. Je crois qu’on va essayer de ne pas tuer tous les poissons d’un coup.
– Moi je dis ça c’est pour vous, vous allez avoir du mal à manger ce soir sans aucune prise.
– T’inquiète pas, Billy va les choper à la main pendant que je chercherai des fruits. dis-je avec un sourire malicieux.
– Est-ce que j’ai le choix ?
– Je ne pense pas.
– Ouais bah je crois que je vais essayer de faire une canne à pêche avec les moyens du bord…

Une fois arrivés à la grotte, Aegiomon posa Penmon sur un tas de feuille puis Billy et moi nous séparâmes pour partir à la recherche de nourriture. Tandis que je cherchais des fruits dans les buissons et les arbres Billy ramassait une branche assez solide et bricolait ce qui ressemblait plus à une corde qu’à un fil de pêche.

La cueillette ne fut pas très bonne. Je ne savais pas où chercher pour trouver de gros et s’il m’arrivait de croiser la route de gibier sauvage, il s’enfuyait avant même que je puisse l’identifier. Finalement, je revenais plus ou moins bredouille avec seulement quelques baies. En revenant sur mon chemin, je tombais sur Billy en pleine séance de pêche. Depuis trois quarts d’heure que je galérais à trouver trois baies, lui avait réussi à pêcher une demi-douzaine de poisson de toutes les couleurs que Penmon s’employait à préparer. Aegiomon n’était pas encore revenu avec le bois. C’était normal, je n’avais moi-même pas vu beaucoup de petit bois en cherchant mes baies.

Billy m’impressionnait. Il avait pêché tous ces poissons avec une simple corde attachée au bout d’une solide branche ne serait pas suffisant pour nous quatre. C’est alors que les choses se compliquèrent : Billy se trouvait sur une planche faites avec les restes des barques que le courant avait charrié jusqu’au lac, c’est de là qu’l pêchait, en plein milieu du lac. Le problème survint quand un poisson « plus gros » s’accrocha à la ligne, mais ce n’était pas un poisson. Celui-là, c’était un Digimon, un genre de serpent géant, bleu avec une tête jaune, et un hurlement lui me parut effroyable.

Et nous l’avions ferré. Sans doute folle de rage, la créature bondit hors de l’eau, renversant Bill au passage qui put faire un petit coucou aux poissons. Gardant magistralement mon sang froid, j’ordonnai à Penmon de se transformer et de s’attaquer au serpent de mer, tandis que ne sachant pas s’il était blessé ou non, je sautais à l’eau pour sauver mon camarade humain. Ayant depuis longtemps appris à nager comme un poisson dans l’eau, j’arrivai vite à ma cible et je pus le remonter rapidement.

Au même moment, Rukamon se battait sauvagement contre un serpent géant déchainé, alternant entre des coups de boules et des coups de queues, évitant les rayons de glace de la tête jaunie de son adversaire avec une aisance fabuleuse, cette pauvre créature ne faisait clairement pas le poids face à cet ancien dieu des Mers qu’était Rukamon, même en n’étant pas au summum de ses capacités. Finalement, alors que je sortais de l’eau, un Billy dont la tête tournait dans mes bras, le combat s’achevait sur une victoire écrasante de mon partenaire dauphin qui laissa repartir le serpent en amont du lac.

– C’est bon, j’ai réglé son compte à Seadramon, me dit-il. Comment va Bill ?
– Il est un peu sonné mais il n’a pas l’air d’être blessé.

C’est à ce moment précis qu’Aegiomon arriva. Il marchait tranquillement les bras chargés, l’un de bois et de l’autre, il soulevait une espèce de sanglier qu’il avait visiblement abattu, ce qui était une bonne chose : si nous n’allions visiblement pas manger de fruits ou de légumes nous allions tout de même nous régaler de viande et de poissons.

– J’ai cru comprendre que vous aviez eu un problème ? fit le satyre en arrivant à notre hauteur.
– Et de toute évidence, il est réglé. répondis-je. Dis-moi, tu pourrais allumer le feu ? Je suis trempée jusqu’aux os !
– Et ce serait pas de refus pour moi non plus, ajouta Bill qui venait de reprendre ses esprits.
– Dans ce cas allons à côté de cette grotte, fit-il en désignant un trou au milieu d’un mur rocheux à quelques dizaines de mètre de là. La chaleur restera près de nous, en plus, elle est vide, donc on pourra passer la nuit dedans.
– Comment tu sais qu’elle est vide ? demanda Bill
– C’est moi qui l’ai vidée, fit-il en désignant le sanglier sur son bras. Il y a quelques sangliers troglodytes dans la région, ils ont la réputation d’avoir une chaire tendre et ferme à la fois, on va se régaler ce soir !

Nous avançâmes donc en direction de la grotte afin d’établir un feu de camp et nous sécher pendant que les Digimon préparaient le repas. Et là, un dilemme survint, pour nous sécher efficacement il nous fallait nous déshabiller.

– Bon voilà ce qu’on va faire, commençais-je. Je garde ma veste pour me couvrir un minimum et je laisse mes vêtements près du feu pour qu’ils sèchent, tu pourras en profiter pour faire de même, et tu m’appelles quand c’est bon, je serais derrière ces buissons. Mais je te préviens, si tu viens mater je te jure que tu n’auras jamais d’enfant naturel !
– C’est bon j’ai compris, pas la peine de t’énerver et de toute façon, je risque pas d’avoir envie de te mater. fit-il, rieur.
– Ça veut dire quoi ça ?
– Rien, rien du tout.
– Je préfère ça !
– Au fait, commença-t-il timidement, merci pour tout à l’heure.
– M-Mais il n’y a pas de quoi, je n’allais pas te laisser couler.

L’attente fut longue, et la nuit encore plus, mais le lendemain nous pûmes repartir vers le domaine du dieu de la fête. À ce moment nous ne nous en doutions pas vraiment, mais il allait clairement nous la faire.

A suivre