DigiDossier : Summer Wars – un plagiat de Bokura no War Game ?

Affiche Summer Wars Pamphlet OWG 01

Par demidevimon

Quiconque d’entre nous ayant vu pour la première fois le célèbre film d’animation Summer Wars (2009), n’a pas pu s’empêcher de penser « Ce film est super ! Mais il me rappelle quelque chose… ».

En effet, un certain nombre de ressemblances existent entre Summer Wars et le 2ème film Digimon Bokura no War Game (2000) : un univers virtuel où combattent des monstres digitaux, un scénario très semblable, et des plans séquences parfois semblables à du copier/coller. Mais la ressemble la plus frappante… est que le réalisateur est le même : Mamoru HOSODA.
Quelles sont ces ressemblances ? Pourquoi Mamoru HOSODA a-t’il créé 2 films si semblables ? Ce dossier a pour objectif d’essayer de donner des explications sur le sujet.

I – Des ressemblances presque troublantes…

A – Le scénario

Bokura no War Game : C’est l’histoire d’un monstre digital de type virus qui prend possession d’internet, il grandit grâce à lui et menace d’envoyer des missiles nucléaires sur le Japon. Pour l’en empêcher, les héros vont le combattre directement sur internet grâce à des monstres digitaux.

Summer Wars : C’est l’histoire d’une intelligence artificielle qui prend possession d’un réseau social sur internet, il grandit grâce à lui et menace d’envoyer des missiles nucléaires sur le Japon. Heureusement les héros vont le combattre directement sur internet grâce à des avatars digitaux.

Vous l’avez compris, l’histoire est « sensiblement » la mĂŞme, il suffit de remplacer les digimon par de avatars virtuels pouvant combattre et le tour est jouĂ©. Un point cependant, le scĂ©nario de Summer Wars a Ă©tĂ© Ă©crit par Satoko Okudera et non Mamoru Hosoda. C’est vrai sur papier, mais dans la rĂ©alitĂ© c’est bien le crĂ©ateur du film, Ă  savoir Hosoda, qui a son idĂ©e de l’oeuvre, de la trame et du scĂ©nario dans sa globalitĂ©. Satoko Okudera ne travail que sur les dĂ©tails du scĂ©nario et conseil le rĂ©alisateur.

B – Des scènes identiques

La ressemblance du scénario n’est pas à lui seul un facteur de copie. Nous allons voir tout de suite que de nombreuses scènes sont un peu trop similaires. Pour vous en convaincre en image, à gauche Bokura no War Game et à droite Summer Wars :

(Merci Ă  Actar pour les screens, lien en bas du dossier)


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Les deux films commencent avec une intro sur fond de monde digital

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Le principe de la dualité de héros est reprise

Dossier SM-BNWG - 05Dossier SM-BNWG - 06
On découvre un monde digital

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La menace est lĂ 

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Let’s Fight !

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La tĂŞte de Taichi est quand mĂŞme plus drĂ´le non ?

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Les dialogues ont été repris au mot prêt

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Que ce soit dans l’un ou l’autre film, ces scènes restent Ă©piques

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Ouf, le monde est sauvé !

Dossier SM-BNWG - 93Dossier SM-BNWG - 92
On finit par du baseball ?

Bon convaincu ? Et encore il y a encore de nombreux points communs non Ă©numĂ©rĂ©s comme par exemple Izzy et Kazuma qui boivent du jus d’orange en brique… Mais impossible de tout lister. A ce moment de la lecture, vous avez dĂ» remarquer qu’il y a une « lĂ©gère » inspiration de Bokura no War Game dans Summer Wars.

II – Pourquoi une telle ressemblance ?

Ce que je vais écrire ici n’est qu’une simple supposition, en effet Mamoru Hosoda ne s’est jamais réellement justifié sur les nombreuses ressemblances entre ces 2 films. A travers ce que nous savons du personnage, nous pouvons émettre une théorie qui expliquerait la raison du réalisateur.

Rappelons d’abord la filmographie de Mamoru Hosoda. Son premier film en tant que réalisateur « indépendant » est La traversée du temps en 2006 puis Summer Wars en 2009. Avant 2006, les films qu’il a réalisé étaient des films à licence : Digimon et One Piece. Il faut savoir qu’un réalisateur qui réalise un film commandé par un gros producteur d’anime n’a jamais carte blanche (surtout avec la Toei). Par conséquent, Mamoru Hosoda n’avait pas son mot à dire et devait se conformer à un certain cahier des charges. Il a pu, malgré tout, donner sa « patte » à son travail afin que son style de réalisation ne soit pas conformiste, qui ferait ressembler ses films à n’importe quel autre de la franchise.

Après avoir analysé plusieurs interviews du réalisateur, voici des éléments qui vont pouvoir nous intéresser :
– Il est très attachĂ© au domaine de la famille C’est un thème que l’on retrouve dans beaucoup de ses Ĺ“uvres comme Summer Wars, Ame et Yuki Les Enfants Loups ou The boy and the beast.
– Il aime traiter des relations humaines, Ă  travers la famille comme vu prĂ©cĂ©demment, mais aussi Ă  travers les rĂ©seaux sociaux. Il a par ailleurs indiquĂ© dans un entretien que ce qui l’intĂ©resse ce n’est pas le virtuel en lui-mĂŞme, mais le mode de communication, que ce soit entre l’humain et la machine, et entre les humains Ă  travers les rĂ©seaux.

Mais la citation qui nous intéresse est celle d’une interview donnée à Kaze :
[…] Il y a 12 ans, j’avais dĂ©jĂ  fait un film sur l’Internet et en 10 ans les modes de communication ont bien changĂ©s. Les relations humaines s’en trouvent modifiĂ©es. Aujourd’hui il y a mĂŞme Twitter qui bouleverse la nature de nos Ă©changes, c’est un fait indĂ©niable. […]

Ma supposition est la suivante :

Quand Mamoru Hosoda a fini La traversée du temps, le succès critique et commercial du film lui a permis de travailler sur un nouveau film. A cette fin, il prit la décision de travailler sur le thème d’internet, des réseaux sociaux et d’y inclure également la famille. Il ne démarra pas de rien, non. Il avait déjà traité le sujet auparavant à travers Bokura no War Game.
Et là on se retrouve sur 3 théories possibles :
– N’étant pas totalement satisfait de Bokura no War Game, peut-ĂŞtre Ă  cause des contraintes de la Toei (temps de rĂ©alisation, cahier des charges, changement de sĂ©quences Ă  la demande du producteur), il voulut faire avec Summer Wars le film qu’il aurait voulu crĂ©er en y insĂ©rant les thèmes qu’il aime tant dĂ©velopper.
– La seconde possibilité serait que la très forte inspiration de Bokura no War Game est une figure de style, un mirroir entre le dĂ©veloppement du sujet dans les balbutiements d’internet en 2000 et le mĂŞme sujet 9 ans après.
– La dernière option est moins flatteuse. Il est assez courant chez les rĂ©alisateurs de s’inspirer de sĂ©quences d’autres films afin de rĂ©aliser le leur. Cet inspiration va jusqu’Ă  l’utilisation des mĂŞmes plans et angles de camĂ©ra. On retrouve ce genre de pratique chez Tarantino, ou certaines sĂ©quences de Star Wars. Il est tout Ă  fait plausible que Mamoru Hosoda copia de nombreux plan qu’il avait lui mĂŞme rĂ©alisĂ© 10 ans auparavant au lieu de tout rĂ©inventer.
Peut-être est-ce un peu des trois…

Pour l’aspect graphique, la patte Hosoda est très facilement identifiable. Mais pour l’univers virtuel, l’inspiration provient d’un courant artistique se nommant Superflat. Il s’agit d’un courant s’inspirant du pop art japonais de la culture Otaku. Le réalisateur a avoué dans une interview aimer ce courant et l’avoir utilisé dans Bokura no War Game, Summer Wars mais également la publicité de Louis Vuitton «Superflat Monogram» qu’il réalise en 2003 sur un univers du plasticien Takashi Murakami (à ne pas confondre avec l’écrivain Harui Murakami).

Murakami the world of sphereSuperflat MonogramDigimon superflatSummer War Superflat
En haut : The world of Sphere de Murakami à gauche et Superflat Monogram à droite. En bas : Bokura no War Game et Summer Wars

Conclusion :

L’inspiration de Bokura no War Game dans Summer Wars est indéniable. Cependant, la présence de Mamoru Hosoda à la tête des 2 films la justifie et empêche l’utilisation du mot « plagiat ».
Pour moi, Summer Wars est en quelque sorte une Ă©volution de Bokura no War Game. Plus long, plus beau, plus recherchĂ© dans les thèmes dĂ©veloppĂ©s, il pourrait montrer tout le potentiel qu’aurait un film digimon d’1h30 s’il Ă©tait rĂ©alisĂ© par une personne de son acabit.
Pour finir, je conseillerai à tous de regarder ces deux films et de vous faire vous-même votre propre avis…

Sources :
Voici quelques sources qui ont contribuĂ©es Ă  l’Ă©criture du dossier :

Blog de Actar (merci pour les screens) ;
– Interview de Mamoru Hosoda via LCI ;
Interview de Mamoru Hosoda via Eigagogo